Le château de Villiers-le-Bâcle

En 1650, Michel Lucas, seigneur de Saclay et de Presles, intendant des maisons royales de Chantilly, Dammartin et Versailles, achète le fief de Presles et sa maison seigneuriale. A la mort de son père, homonyme, en 1639, il reprend la charge de secrétaire de Louis XIII. Sur l’emplacement de l’ancienne maison seigneuriale, il fait construire le château que nous connaissons actuellement.

Dans un aveu du fief de Presles en 1662, Michel Lucas décrit ainsi le domaine : « Un hôtel contenant une salle, chambre et cabinets de plain pied, cuisine, cave, sellier et grenier, le tout couvert de tuiles, ledit hôtel fermé de fossés pleins d’eau, revêtus de pierre avec pont-levis et planchette, avec obligation audit sieur Lucas et ses successeurs durant les temps de guerre de mettre en sureté les biens meubles, les bestiaux du fermier de l’abbaye de Port Royal, cour, parroir, colombier à pied, hébergement appelé d’ancienneté l’hôtel de Presles. »

Dans cet aveu, Michel Lucas promet, pour lui et ses successeurs, de paier aux dames de Port-Royal, à chaque mutation, deux burettes d’argent d’un marc chacune, pour reconnaissance de la permission qu’elles lui ont donné de d’enclore entièrement le château de fossés avec pont-levis et planchettes.

Le faux avant-corps, orné de pilastres et surmonté d’une horloge, résulte de remaniements postérieurs, comme en témoigne un dessin de 1687 conservé à Stockholm. En moellons de meulière, le château n’est « brique et pierre» qu’en son revêtement.

En 1681, il devient la propriété de son neveu, Nicolas Jehannot de Bartillat, puis de son fils, Joachim Jehannot de Bartillat.

Dans un état du début du XVIIIe siècle, le château est ainsi dépeint :

Un grand château à la mansarde, couvert d’ardoises, entouré de grands fossés dans lesquels on peut avoir de l’eau si l’on veut, deux ponts dormants, l’un du côté des cours, l’autre du côté des jardins, fermés par deux grilles de fer, un magnifique escalier, un grand vestibule qui distribue plusieurs appartements, la plupart boisés et parquetés. Le premier étage consiste en plusieurs beaux appartements et mansardes au-dessus.

L’ensemble du domaine est ainsi composé :

L’église attenant le château, bassecour, des grandes écuries, un colombier d’environ 200 boulins, maison de jardinier, un potager des plus beaux planté d’environ 2500 pieds d’arbres fruitiers, le surplus des jardins en parterre, palissade de charmille, allées d’ormes et de marronniers et terrasse en belle vue, un très grand bassin d’eau et un canal dans les jardins, une garenne forcée entourée de bons murs tenante à la cour du château, un étang et une glacière proche d’icelui, une avenue et contre-avenue de tilleuls de Hollande aboutissante à une grande grille de fer servant d’entrée au château du côté des jardins.

Le château est vendu et passe entre les mains de Claude Lallier, puis de Claude Olivier Boucher.

En 1766, Anjorrant de Tracy devient propriétaire du château par son mariage avec la fille de Claude Boucher. Pendant la révolution française, le château ne subit aucune dégradation. Madame Anjorrant continue d’y vivre avec le même train de vie.

Son héritier, le comte des Monstiers de Mérenville, après la révolution française, a marqué de son empreinte le château en comblant les douves et en redessinant un parc à l’anglaise.

Le 8 octobre 1828, un évènement a marqué la vie du Château : le comte et la comtesse des Monstiers sont autorisés par le roi à offrir une fête champêtre aux enfants de France dans leur château de Villiers. Ils y reçoivent le duc de Bordeaux et Mademoiselle sa sœur. Pour la circonstance, beaucoup de personnes sont invitées : le duc et la duchesse de Noailles, le duc de Luynes, les châtelains de Dampierre … La fête a pour attrait une partie de vendanges dans une vigne dans le parc du château. Après le goûter, les princes regagnent Saint-Cloud. Cette journée, particulièrement réussie, resta gravée dans les mémoires.

En 1857, Henri Caillat achète le château. Il sera maire de Villiers pendant 51 ans. Sa fille épouse le comte Eugène Théophile Biver. Leur fille, Marie-Hélène, habitera le château jusqu’à sa mort en 1985.

En 1995, le domaine est racheté par l’humoriste Yves Lecoq. A son arrivée, tout est quasiment vide. Il remeuble le château, redessine et replante le parc pour lui faire retrouver son aspect du XVIIIe siècle.

En 2021, Le château et le parc sont rachetés par Xavier Niel.

Le château a été inscrit aux monuments historiques le 9 février 1946.

Plusieurs films et séries télévisées ont été tournés au château :

  • Les scènes extérieures des films « Ridicules » de Patrice Lecomte sorti en 1996
  • Les âmes grises en 2005
  • Chéri de Stephen Frears sorti en 2009
  • Nicolas Le Floch

Yveline Delallée

Sources

  • Augustin Stanislas Philippe comte des Monstiers de Mérinville par son petit-fils. Archives privées
  • AD78/D1549 (archives départementales de l’Essonne)
  • AD78/D1550
  • AD78/D1545

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